Pas question de rester sur sa fin !!!

Publié le par Manuel Soufflard

                                                            

 

Un livre existe-t-il en soi ? Sa fin était-elle écrit dans le marbre depuis la création du monde, ou autrement dit la liberté existe-t-elle, ou tout est déterminisme, fruit de conjonctions dont les causalités nous échappent ? Certains poseraient cette question comme étant celle de Dieu…

 

Mais là n’est pas le but, cette question est sans réponse connue (foi d’agnostique !). Pour revenir au livre, l’originalité d’une œuvre est-elle absolue ? Pour être moins « intellectualiste », Harry Potter devait-il être et devenir ce qu’il est ? Aurait-il été vraiment le Harry que l’on connaît si sa fin en avait été modifiée ?

 

Si l’on se pose quelques instants pour réfléchir à cela et à ses conséquences, à savoir la beauté absolue de la création, le statut réel de l’écrivain, la dépendance du lecteur, l’inaltérabilité de l’œuvre, on se dit que cette question n’a pas assez été explorée en littérature.

 

L’idéal serait de créer une maison d’édition dont la spécialité consisterait en la publication d’auteurs qui réinventent la fin d’ouvrages connus, soit parce que le public a suivi avidement le déroulement de l’histoire (du type Harry Potter) soit parce que la vraie fin n’a pas plu.

 

Ce phénomène existe déjà dans le cinéma, où de nombreux fans imaginaient par exemple la suite de la Guerre des Etoiles, parfois plus crédible que le scénario original ; cette transformation n’a pas encore été institutionnalisé dans le livre.

 

Particulièrement efficace dans le cas d’œuvres organisées en série, surtout dans des genres au public « captif » (héroic fantasy, manga et BD, policier…), cette aventure est un véritable défi littéraire : il est peut être plus difficile de créer quand il y a déjà création, de ne pas se laisser influencer.

 

Systématiser cette création de faux, c’est autant susciter des vocations que proposer une alternative littéraire à quelque chose qui était précédemment perçu comme inaltérable, figé de toute éternité. C’est redonner de la création à une œuvre aboutie, en même temps que lui rendre hommage.

Il y a bien sûr le risque de parodie, de la pâle copie ou pire du navet san génie, mais le défi reste à la mesure du talent des artistes originaux. L'offre littéraire s'en trouve démultipliée, les possibles n'ont plus de frontières, les éléments structurants du livre (lieux, personnages, actions) y gagnent en compléxité et en plausibilité. La création n'est plus figée et se réinvente.

Publié dans Sans dessus dessous

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