L’homme qui ne savait plus !!!

                                                               

Nous sommes dans une société de connaissance : le degré de civilisation se mesure communément aux souvenirs (ou du moins à la capacité d’assimilation) des individus. A contre-courant des thèses négativistes, les savoirs s’imposent partout (savoir, savoir être, savoir faire, savoir vivre…).

S’il reste encore une idole à adorer, c’est bien le savoir. Là où la science, la religion ou le politique sont tombés, l’individualisme n’est que savoir propre (à l’opposition du savoir collectif, notamment le livre).

L’hyper individualisme vers lequel tend (ce qui veut bien dire qu’il est encore loin d’être dominant) l’être moderne nous apprend en effet à s’approprier la connaissance, dans un processus de dématérialisation de la possession. Avoir ne suffit plus, il faut être riche d’être.

Contrairement à ce qu’une lecture rapide pourrait laisser penser, ce phénomène n’est pas forcément négatif du point vue d’une morale judéo-chrétienne : cet enrichissement peut être spirituel et donner lieu à une puissante empathie. Mais il faut avant tout savoir.

Dans cette quête stressante et aliénante, il est souvent difficile de donner un sens à sa vie (mais il y en a-t-il vraiment ?), comme de comprendre sa réelle identité (si tant est qu’il y en ait une). L’image de soi est prédominante, mais inaccessible. C’est un narcissisme.

Tout cela pour arriver à la plus grande limite de cette recherche effrénée : l’oubli. Imaginons un homme qui au lieu d’emmagasiner, oublie au gré de sa prétention à s’affranchir des autres.

Peut-on désapprendre ? A écouter, marcher, compter, parler, à voir puis finalement respirer ? Qu’est ce qui pousse cet homme à l’envers vers la découverte de soi ? Dans tous les cas, l’image et le reflet du miroir doivent jouer un rôle fondamental : chaque regard crée l’oubli.

Lewis Carroll nous montrait notre propre folie, que pourrons-nous y découvrir ?