Le vrai classement mondial de l’édition !!!

Publié le par Manuel Soufflard

                                                                 

 

Le magazine des professionnels français du livre, Livres Hebdo, a établi, pour la première fois à l’occasion de son numéro 694 (juin 2007), le classement des éditeurs à l’échelle mondiale.

 

Une initiative semblable avait déjà été menée par son homologue allemand Buchreport, mais celui-ci n’était pas parvenu à dissocier les activités médias et éditions de groupes souvent diversifiés.

 

Principaux enseignements de cette initiative : ce marché très particulier est en phase de concentration (sur les 57 milliards de CA réalisés par les 73 groupes classés, 65% provient des 10 premiers groupes à eux seuls), les groupes d’éditions  professionnelles tiennent le haut du pavé (7 des 10 premières places), une vraie présence transnationale des groupes et une domination de entreprises européennes.

 

Autres enseignements intéressants, les leaders se constituent souvent sur des pôles spécialisés comme le fascicule, le roman sentimental ou la jeunesse. A noter, la présence de puissants groupes nationaux uniquement implantés sur un territoire national, comme Editis.

 

Enfin, dans un secteur encore en voie de consolidation, les fonds d’investissements et l’actionnariat familial sont encore très nombreux dans le capital des groupes classés, preuve s’il en est que le secteur est en phase de transition qu’une révolution (de type numérique) pourrait aisément bouleverser.

 

Rapide présentation du « top ten » de l’édition :

 

  1. Reed Elsevier (NL-GB-USA, 5,85M€ de CA) : éditeur professionnelle (santé, médecine, gestion, droit).
  2. Pearson (GB, 5,62M€ de CA) : éditeur scolaire et généraliste.
  3. Thomson (Canada, 5,11M€ de CA) : éditeur professionnel (droit, santé, finance, compta…) sur tous les supports, notamment numériques.
  4. Bertelsmann (Allemagne, 4,61M€) : éditeur généraliste et club (dont France Loisirs en France)
  5. Wolters Kluwer (NL, 3,69M€) : éditeur pluri-activités (édition professionnelle, service aux entreprises, éducation, management…)
  6. Hachette Livre (France, 1,98M€) : éditeur scolaire et généraliste
  7. McGraw-Hill (USA, 1,94M€) : éditeur de livres éducatifs et de formation sur tous supports.
  8. Readers Digest (USA, 1,84M€) : éditeur de livres de loisirs
  9. Scholastic(USA, 1,76M€) : éditeur et distributeur de livres jeunesse et d’ouvrages parascolaires.
  10. De Agostini (Italie, 1,61M€) : éditeur de fascicules et de marketing direct principalement

 

Mais la principale faille de ce classement, qui tire son intérêt de son aspect novateur, est son critère de classification : le chiffre d’affaires. Ce critère est en effet obsolète pour juger des groupes d’édition : malgré son aspect incontestable, il n’éclaire pas convenablement ce secteur particulier.

 

L’édition se trouve en effet confronté à une double logique. La première, financière, est commune à une grande partie des entreprises, tout secteurs confondus : juger de la pertinence financière d’une activité ne peut se faire à l’aune de la progression du CA, mais bien du taux de rentabilité.

 

Le second ressort qui permet de juger de la qualité d’une entreprise n’est autre…que la qualité rédactionnelle des ouvrages qu’elle édite ! Classer les entreprises par leur CA, ce n’est rien de plus que nous donner un ordre de grandeur.

 

Selon que l’on soit investisseur ou lecteur, une maison d’édition n’a donc pas la même valeur. Quoique. Il ne faudrait pas oublier que l’édition est un secteur particulier, où chaque « produit », le livre, est unique. La qualité éditorial fait les ventes (et le bonheur du lecteur), qui fait le bonheur de l’investisseur. CQFD

 

Le principal enseignement de ce classement, c’est donc que ce classement est obsolète, et que chaque livre ne vaut que pour lui-même. Ce que tous bon lecteur ou contrôleur de gestion savait déjà pertinnement.

Publié dans Apostrophes

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